Modifier les pratiques pour mieux gérer la ressource
Pour les pêcheurs, préserver à la fois la ressource et l’environnement est essentiel. La pérennité de leurs métiers en dépend. Nombre d’entre eux sont ainsi prêts à modifier leurs pratiques comme en témoigne le projet DuPPeM (Durabilité et polyvalence des petits-métiers). Portée par l’OP (Organisation des producteurs) du Sud de 2018 à 2021, cette opération a permis de tester 4 nouveaux engins de pêche moins impactants sur les fonds marins que les filets, plus sélectifs et centrés sur des espèces non surexploitées.
Il s’agit de la turlutte à calmar, de la machine à maquereau, du casier à murex et de la nasse à seiche. Des outils déjà utilisés dans d’autres régions de France ou à l’étranger que les professionnels de la région ont identifiés comme potentiellement exploitables dans le Golfe du Lion.
Des pêcheurs volontaires pour innover
En partenariat avec 7 navires volontaires, basés sur Agde et au Grau du Roi, les engins ont ainsi été expérimentés en parallèle de filets traditionnels. Les données transmises après chaque sortie par les pêcheurs, concernant la praticité, les captures et les prix obtenus en criée, ont permis de comparer l’efficacité, la sélectivité et l’éventuelle plus-value de chaque outil. Une plaquette retranscrivant ces résultats détaillés a été éditée.
C’est avec la nasse à seiche et la machine à maquereau que les essais s’avèrent les plus prometteurs. Parmi les avantages retenus : la sélectivité, une meilleure valorisation des captures et une réduction du temps de travail en mer. Mais il y des bémols : les manipulations jugées un peu difficiles par les professionnels et des rendements trop aléatoires. A ce stade, ces engins sont donc plutôt envisagés comme des compléments d’activités ponctuels. « Pour la nasse à seiche, un nouveau voyage d’étude en Italie, où cet engin est utilisé, pourrait lever des freins »,suggère Carmen Battez, chargée de mission à l’OP du Sud.
Sur le casier à murex, les tests n’ont pas été concluants que ce soit en production, sélectivité, ou rentabilité. Un manque d’attrait accentué par les captures accessoires de poulpe. Quant à la turlutte à calmar, il n’y a pas eu suffisamment d’essais, faute d’intérêt chez les professionnels. « Le problème est que ces marées test, perturbées par la crise sanitaire, n’ont pas été indemnisées, en dépit du surcroît de travail qu’elles supposent, constate Carmen Battez. Si l’expérience devait être renouvelée, il faudrait réfléchir à un dédommagement pour les pêcheurs volontaires. »
Inscrit dans la fiche action 2 « développer des pratiques novatrices ou innovantes dans les activités halieutiques », le projet DuPPeM (49 191 euros), porté par l’OP du Sud, a été financé par le DLAL Feamp (40%), la Région Occitanie (40%) et l’OP du Sud (20%). Concernant les fonds européens, les deux GALPA impliqués (celui de « Thau et sa bande côtière » et celui de « Vidourle Camargue ») ont participé respectivement à hauteur de 32% et 68%. Un ratio calculé en fonction du nombre de navires potentiellement concernés sur chaque territoire, à savoir 29 pour le premier et 62 pour le second.