Le captage d’huitres creuses sur Thau est possible !
La plupart des huîtres élevées en Méditerranée proviennent de naissains issus de la façade Atlantique. Un paradoxe à la fois économique et environnemental. Les conchyliculteurs sont en effet contraints de s’approvisionner dans les écloseries ou les bassins de production de Marennes ou d’Arcachon, où les tarifs peuvent fluctuer, et les coquillages fournis ne sont pas forcément adaptés aux spécificités des milieux méditerranéens. Pour limiter cette dépendance à l’Atlantique et favoriser l’émergence d’une huître autochtone, plusieurs programmes de recherche sur la reproduction de l’huître creuse dans la lagune de Thau ont été diligentés par Ifremer depuis 2010. Il en ressort que l’abondance larvaire sur Thau est l’une des plus élevées de France mais le captage reste faible et variable selon les zones et les années. C’est pour exploiter au mieux ce fort potentiel de captage naturel qu’a été lancé le projet Natiustra.
Des tests de différents collecteurs hors et sur les tables conchylicoles
Piloté par le Cépralmar de 2019 à 2022, ce projet, qui a mobilisé plusieurs partenaires (le lycée de la mer Paul-Bousquet, le Comité Régional de la Conchyliculture en Méditerranée, l’Ifremer et les professionnels) a permis de tester différents procédés de captage mais également d’étudier le parcours de grossissement des naissains et la viabilité économique de ces nouvelles pratiques. Il en ressort que le captage hors des tables, identifié comme une piste intéressante lors des précédentes expérimentations, s’avère trop contraignant au niveau logistique et pas concluant au niveau des résultats. L’idée est donc d’optimiser le captage sur table.
Concernant les collecteurs (structures où viennent se fixer les naissains), les coupelles biosourcées – construites en matériaux biodégradables – et les lamelles de plénos (rectangles de plastique quadrillés de lamelles obliques utilisés en Atlantique) obtiennent de bons résultats.
Les cadres (assemblage de coupelles à la verticale) s’avèrent aussi performants mais des adaptations sont à prévoir pour faciliter les manipulations. Quant au positionnement, c’est l’orientation horizontale des supports, avec des cordées perpendiculaires à la surface de l’eau, qui se révèle la plus efficace.
Le captage naturel, une activité économiquement rentable
Calculée sur la base de plusieurs hypothèses de rendement, la rentabilité du captage naturel, qui donne des huîtres de grande qualité, particulièrement résistantes aux mortalités et aux malaïgues, est avérée. Cependant, en raison de la variabilité du recrutement, ce mode d’approvisionnement n’est envisagé qu’en complément des achats effectués en Atlantique. Afin d’aider les professionnels de Thau à développer cette activité (ils ne sont plus qu’une dizaine à faire du captage naturel), le Cépralmar a édité en juin 2022 un guide technique qui fourmille d’astuces pour optimiser la collecte des naissains et la survie des coquillages.
Inscrit dans la fiche action 2 « Développer des pratiques novatrices ou innovantes dans les activités halieutiques » , le projet Natiustra (76 765 euros) est porté par le Cépralmar et financé par le DLAL Feamp (40%), le Département de l’Hérault (20%), Sète Agglopôle Méditerranée (20 %) et le Cépralmar (20 %